Kaddour Fattoumi
La presse et le système politique au Maroc» a constitué le thème d’une conférence qui a été animée, jeudi, au campus HEM Fès par Mohammed Achaari, écrivain et ex-ministre de la Culture et de la communication, et ce dans le cadre du programme culturel de l’Université citoyenne de la Fondation HEM. Le conférencier a donné un aperçu historique sur la presse marocaine au temps du protectorat et durant l’indépendance du pays, soulignant que la presse écrite, parlée et audiovisuelle constitue «le miroir» qui reflète l’image et la réalité de la société et du système politique de tout pays. L’intervenant a ensuite rappelé les péripéties vécues par la presse marocaine partisane durant le protectorat avec les censures, les interdictions et les emprisonnements des journalistes et militants, soulignant qu’avec l’avènement de l’indépendance, les restrictions et censures de la presse partisane ont été progressivement allégées, avec la publication du Code des libertés publiques et du Code de la presse au Maroc en 1958.
«Les censures et les interdictions ont toutefois visé la presse partisane, comme ça a été le cas d’“Al Mouharrir” et d’autres revues culturelles et publications, tels “Le Pain nu” de feu Mohammed Choukri et “Le harem politique : le prophète et les femmes” de feue Fatima Mernissi», a-t-il indiqué, soulignant que la presse marocaine, malgré les difficultés, a contribué au façonnement d’une culture politique, littérature et associative, ainsi qu’à la création d’une opinion publique susceptible de défendre les droits de l’Homme et des libertés publiques.
M. Achaari a aussi rappelé le climat de «détente dynamique» instauré dans les années 1970, notamment après la glorieuse Marche verte et le recouvrement des provinces sahariennes marocaines, la révision de la Constitution ayant permis l’avènement, dans les années 1990, des gouvernements d’alternance qui ont œuvré au renforcement des libertés publiques, à l’adoption du nouveau Code de la presse et de l’édition, à la création de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) avec des cahiers des charges, à la parution d’une presse indépendante et à la création de nouvelles stations de radios privées. L’ouverture du paysage médiatique audiovisuel au secteur privé n’a pas encore été amorcée, a-t-il rappelé. Le conférencier a indiqué que le Maroc a enregistré, depuis 1997, un changement à concurrence de 80% de ses élites politiques et a connu une sécurité et une stabilité politique, contrairement à d’autres pays arabes qui ont été secoués par des révoltes, parfois sanglantes, du «Printemps arabe». Mohammed Achaari a plaidé pour un «nouveau souffle» en démocratie et libertés individuelles pour permettre une reprise de confiance et d’espoir, et ce, à travers un débat public serein, une démocratie participative et directe, des médias libres et indépendants avec davantage de droits d’accès à l’information et de protection des sources d’information du journaliste.
L’intervenant a fait état de l’emprisonnement de journalistes et blogueurs sur la base des dispositions du Code pénal et au mépris du nouveau Code de la presse et de l’édition, qui a supprimé toutes privations de libertés des journalistes, estimant que le pays a fortement besoin d’une presse libre et indépendante pour défendre les droits de l’homme et dénoncer les injustices, les actes avérés de corruption et de prévarication, les abus et les dysfonctionnements des services publics et les détournements de deniers publics.
Au terme de sa conférence, M.Achaari a répondu aux questions de l’assistance sur le devenir de la presse papier avec la multiplication des sites électroniques d’information et des réseaux sociaux, avec le problème récurrent des «Fake News» (intox). À souligner que l’Université citoyenne de HEM Business School a programmé plusieurs conférences, dont «Droits de l’homme au Maroc et libertés individuelles» avec Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’homme (10 février) et les «Opportunités du e-commerce au Maroc» avec Larbi Alaoui Belghiti, directeur général Jumia Maroc (5 mars).
D’autres conférences sont prévues aussi dans les campus du HEM à Meknès et Taza.
Kaddour Fattoumi
المصدرjournal alarabetv