Kaddour Fattoumi
« L’environnement à Fès : inspiration patrimoniale et perspectives d’avenir » est le thème d’une nouvelle conférence virtuelle organisée par la Fondation Maroc du Patrimoine dans le cadre de ses « causeries du patrimoine » pour l’animation de la vie culturelle et artistique et la promotion du patrimoine national matériel et immatériel.
Cette causerie du patrimoine, la 13è du genre, a été animée par le Pr Abdelhai Raiss, un ancien cadre de l’enseignement, ex-vice-président de la commune de Fès et militant associatif infatigable pour la protection de l’environnement, l’amélioration de la sécurité routière, la défense des droits de la femme et de la langue arabe classique.
Le Pr Abdelhai Raiss, qui est président du Forum Marocain des Initiatives Environnementales ,a rappelé que le site où la cité de Fès a été fondée a été riche en verdures et en ressources hydrauliques superficielles et phréatiques, citant , en autres , les Oueds Al Jawajir, Bourkaiz, Mehraz, Oued Sebou et les sources d’eau dont Ain Chkef, Ain Amyer et Ain Smen.
Il a assuré que les ressources aquatiques de Fès et région ont encouragé la création des jardins, parcs et squares dont notamment le fameux Jbane Sbile avec son lac, son café maure et sa noria pour l’irrigation, et qui renferme quelque 1.000 espèces florales. Il a évoqué l’existence des sources thermales dont Moulay Yaacoub et Sidi Hrazem et les barrages et lacs collinaires environnants,
soulignant que ces ressources hydriques ont stimulé l’ardeur des habitants pour créer des Riads , jjardins et espaces verdoyants même sur les terrasses et toits des maisons et anciennes demeures.
Il a rappelé aussi les multiples fontaines qui existent à Fès dont la Saquiet Nejjarine, l’horloge aquatique, les canalisations hydrauliques pour l’alimentation des anciennes demeures, des célèbres mosquées et Medersas en eau potable et la prolifération dans la périphérie de Fès de vergers et lieux de verdure emblématiques de Nzaha et de villégiature.
L’intervenant a évoqué aussi les fêtes populaires et festivals dont le Moussem de Soultane At-Tolba institué par le sultan Moulay Rachid et qui était organisé aux bords de l’Oued Al Jawahir
Le conférencier a fait état aussi des apports de l’institution religieuse des Habous et du Waqf pour la protection des nids des cigognes à Fès et le soutien solidaire avec les nouveaux couples mariés nécessiteux et les personnes malades et familles indigentes.
La ville de Fès, avec ses jardins fleuris, ses squares et avec des arbres fruitiers et décoratifs, constituait un lieu paradisiaque et enchanteur qui a inspiré les artistes et les poètes , a-t-il rappelé, soulignant que Fès avec sa célèbre université Qaraouyine, ses Medersas et ses lieux de culte ont attiré des populations de plusieurs pays , notamment d’Afrique à la recherche de la connaissance et du savoir .
Malheureusement , avec une démographie galopante accentuée par un exode rural massif provoqué par les périodes intermittentes de sécheresse, la ville a pâti du phénomène d’urbanisation rampante avec la prolifération de bidonvilles et de l’habitat insalubre , perdant ainsi de son lustre avec la disparition des vergers , des champs de cultures , réduisant comme peau de chagrin , lez zones de verdure et de villégiature.
Ainsi, la ville de Fès qui compte actuellement plus de 1,2 million d’habitants ne dispose que de quelque 4 m2 d’espace vert par habitant contre une norme internationale d’au moins 10 m² .
Et le Pr Abdelhai Rais de tirer, pour la énième fois, la sonnette d’alarme pour sensibiliser les habitants, les élus et les responsables locaux , régionaux et nationaux à redoubler d’efforts pour la plantation d’arbres d’alignement, le reboisement des terrains vagues et la création de zones de verdure.
Il a , toutefois, exalté la création d’un espace vert à l’ancien champ de courses hippiques sur une superficie réduite de 7 Ha , d’un jardin botanique à Fès et d’autres espaces verts grâce au militantisme des amis de la nature, des associations et des élus prévoyants pour améliorer l’environnement et protéger la santé et le bien être des citoyens.
Le conférencier s’est attardé, à la fin, sur les dispositions indispensables à mettre en œuvre pour hisser la cité de Fès au rang de « ville durable » respectueuse de la nature et de l’écologie , appelant à la création de davantage de zones de verdures dans les quartiers, à la construction de toilettes publiques salubres, à l’aménagement de voies cyclables, et à la réduction de la circulation automobile polluante en privilégiant un transport écologique, comme le tramway et les bus électriques.
La société civile de Fès, signale-t-on, ne cesse aussi de faire entendre sa voix pour la préservation et la conservation des espaces boisés dont la forêt d’Aïn Chkef, qui constitue le seul et véritable poumon vert pour la population de la cité Idrisside et qui suscite malheureusement les convoitises des requins de l’immobilier.
Auparavant, l’ex- délégué de la communication de Fès et de Laâyoune , M. Abdessalam Zerouali et le directeur des « Causeries du patrimoine », le Dr Abdelfettah Sbai ont loué, au début , l’action infatigable et désintéressée du Pr Abdelhai Raiss , militant associatif , animateur de missions radiophoniques et auteur de plusieurs articles traitant des thèmes relatifs à l’éducation, à l’enseignement, aux valeurs, au développement, à la langue arabe classique, à l’administration, à la santé et à la sécurité routière.
Le Pr Raiss est également l’instigateur de l’institution de la Journée Nationale de la ville de Fès, célébrée le 4 janvier de chaque année, qui marque l’anniversaire du premier coup de pioche pour la fondation de Fès qui remonte au 4 janvier 808; soit plus de 12 siècles.
Kaddour Fattoumi
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