KADDOUR FATTOUMI
La période de confinement sanitaire pour juguler la propagation de la pandémie du Covid-19 n’a pas empêché la Fondation Maroc du Patrimoine de poursuivre on-line sa série “ Causeries du patrimoine “ qui prospectent les valeureux trésors du royaume et de la ville de Fès.
Cette fois, se sont les thèmes des « Jardins de Fès » et la « Cuisine Fassie, gestion rationnelle et extravagances » qui ont été revisités et décortiqués virtuellement avec la contribution du Pr. Mohammed Metalsi , natif de Tanger et chercheur spécialiste en urbanisme et patrimoine et auteur de plusieurs publications et du Pr. Malouli Idrissi Abderrahman , natif de Fès et professeur en sciences sociales et spécialiste en histoire.
Selon le Pr. Mohamed Metalsi , certains jardins magnifiques du Maroc, “nous sont parvenus partiellement altérés dans leur aspect architectural et naturel ” soulignant que ” les jardins ont souffert des outrages de l’histoire.”
A Fès, un grand intérêt a été accordé aux « Riads » (jardins) dans les maisons traditionnelles qui accueillent dans leur patio, fontaine et jardins de vignes, jasmin, orangers ou citronniers.
Mais les deux plus beaux jardins de Fès sont, sans conteste, le jardin « Jnan Sbil » situé en ancienne médina et le jardin Bienh du café-restaurant Fez- café.
Toutefois, en ces temps modernes, le béton supplante jardins et zones de verdure. Les vergers qui prospéraient dans la périphérie de la ville ont été envahis et détruits par une urbanisation sauvage et rampante, privant la population croissante de paysages verdoyants et de lieux de promenade, de villégiature et de « Nzaha ».
Quant à la causerie sur « La cuisine Fassie, gestion rationnelle et extravagances », elle a été animée on-line par le Pr Malouli Idrissi Abderrahman, chercheur en histoire et patrimoine de la ville de Fès et expert en toponymie et Hydronymie de la médina de Fès.
Le conférencier convient que l’art culinaire est considéré comme un indicateur de l’évaluation d’une civilisation, et une mesure pour déterminer son enracinement et son originalité. La cuisine Fassie, considérée comme l’une des plus exquises, a acquis un rayonnement national voire international. Elle est célèbre grâce à la diversité des recettes et aux épices savamment utilisées.
Le conférencier qui a traité des ingrédients et des rituels de la cuisine fassie , a parlé de quelques petits déjeuners fassis qui ont disparu ou qui sont en voie de disparition, dont le fameux petit déjeuner au « Khli’e » (viande séchée) avec omelette et autres plats et délices.
L’on rappelle que la cuisine berbère et marocaine a été enrichie avec l’arrivée des arabes, dès le 9è siècle à Fès et l’emploi de nouvelles épices (safran, gingembre etc. ) et de nouveaux modes de cuisson des viandes. Avec les Andalous et les Juifs expulsés d’Espagne au XVème siècle et installés au Maroc notamment à Fès , la cuisine marocaine surtout fassie s’est enrichie de plats raffinés à base de viandes, de poissons et de subtiles mélanges sucrés/salés comme le fameux tagine aux pruneaux , au poulet ou encore la pastilla de pigeons. La cuisine marocaine et même fassie a été enrichie aussi par des recettes d’origine turque, notamment les brochettes, grillades et “ Mechoui” qui pourraient provenir des voisins des algériens ayant fui au 16è siècle l’occupation des Ottomans. Les influences africaines, apportées par les caravanes transsahariennes et les influences anglaises et françaises plus récentes avaient enrichi la cuisine marocaine dont la succulente cuisine fassie.
Le directeur des causeries du patrimoine, le Dr Abdelfettah Sbai a participé, comme d’habitude et d’une manière efficace, à la présentation des éminents conférenciers et des thèmes des causeries du patrimoine matériel et immatériel, contribuant ainsi , avec la fondation, à la vulgarisation des connaissances enrichissantes sur la civilisation millénaire du royaume et de la ville de Fès.
Kaddour Fattoumi
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